Dans un pays d’Afrique de l’Ouest, le Créateur s’aperçu d’un manque de communication entre deux peuples, celui du Sud et celui du Nord. Chacun vivait replié sur lui-même, ne consommant que ce qu’il produisait. Les peuples ne se faisaient pas la guerre. Non. Ils s’ignoraient, tout simplement.
Cela avait de graves conséquences pour toute la population…
Ceux du Sud où la pluie venait régulièrement, cultivaient fruits et légumes, pêchaient et se nourrissaient ainsi. Ceux du Nord, pays des baobabs, cultivaient le mil, le manioc, le coton et avaient des troupeaux de bovins qui fournissaient viande et lait. Ceux du Nord ne mangeaient jamais de poissons, ni de tomates, ni d’oignons, ni de choux, ce qui créait chez eux de graves carences alimentaires. Ceux du Sud ne parvenaient pas à se vêtir décemment, faute de coton, manquaient de bois pour construire leurs pirogues. Leurs enfants souffraient de malnutrition à cause du manque de lait et de féculents comme le manioc ou l’igname.
Alors le Créateur, survolant l’ensemble du pays, repéra un endroit favorable et réussit à persuader les deux peuples de la nécessité de cette rencontre pour échanger leurs marchandises, et ainsi s’enrichir mutuellement de leur diversité. Ce furent les hommes qui vinrent d’abord dans ce que l’on a appelé dès lors « un marché ». Chacun sait que dans la tradition, ce sont les hommes qui gèrent les affaires de l’extérieur de la famille. Mais le Créateur fut plutôt déçu et mécontent de ce qu’il vit : chacun était resté toute la journée silencieux et immobile avec ce qu’il avait apporté comme marchandises et était reparti le soir sans qu’aucun échange ne se soit produit !!!
Alors, il insista pour que l’on envoie les femmes : et ce fut une autre ambiance et un vrai miracle !
Les salutations, les interpellations, les bavardages, les rires, les discussions, parfois jusqu’à la dispute vite calmée, créèrent l’animation indispensable au commerce. Tout cela fit qu’à la fin de la journée, quand le soleil se coucha, les femmes du Sud rentrèrent au village chargées de produits venus du Nord et les femmes du Nord rapportèrent chez elles des marchandises du Sud jusque là inaccessibles !
Le Créateur fut vraiment satisfait et, voyant que les femmes étaient les meilleures, il décréta que dorénavant, ce seraient elles qui feraient le marché.
